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Chroniques d'un Gaulois anonyme
Chroniques d'un Gaulois anonyme
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5 avril 2013

La bonne nouvelle Cahuzac

L’affaire Cahuzac constitue d’abord une très bonne nouvelle pour la démocratie française. Elle démontre que la justice opère de manière indépendante dans notre pays. Imaginons la même situation en Russie. Il est fort probable qu’aucun magistrat instructeur n’oserait s’en prendre au ministre du budget en place, à moins d’être amateur de séjours en camps de travail.

C’est également une très bonne nouvelle pour la droite qui peut un temps faire oublier les affaires Woerth, Bettencourt, EPAD et j’en passe. Hasard de l’actualité, on découvre presque simultanément que le trésorier de campagne de François Hollande serait actionnaire de sociétés offshore, sans savoir toutefois en quoi cela serait illégal. Précisons tout de même que les affaires de la gauche sont des affaires privées du passé qui se répandent sur la place publique du fait de la participation des protagonistes à des fonctions publiques aujourd’hui. Les affaires de la droite sont liées, elles, à l’exercice même du pouvoir, lorsque la droite y était. A cet égard, la turpitude de la droite me semble donc plus grande.

En toute hypothèse, cela permet à Monsieur Fillon et Monsieur Copé de reprendre du service. Ainsi, a-t-on pu voir notre auto-proclamé chantre de la démocratie bafouée appeler à un remaniement gouvernemental. “Non, mais, allô?! Tu t’appelles Jean-François Copé et t’appelles à un remaniement ministériel?”. Idem pour la “gauche de la gauche”. Chacun y va désormais de sa “seule manière de sortir par le haut”. A droite toute, Madame Le Pen réclame de nouvelles élections. Pourquoi pas une nouvelle constitution, tant qu’on y est? La seule personalité politique qui cherche à en tirer quelque chose de réellement positif pour le pays semble être Monsieur Bayrou et son idée de référendum sur la moralisation de la vie politique. Ce n’est pas nouveau et il a raison de ressortir sa marotte au moment où l’actualité donne raison à ses propositions. Qu’est-ce qui s’y oppose? Ne serait-il pas grand temps d’instaurer des règles claires pour délimiter la politique et le business?

Ce qui me dérange le plus dans tout cela, c’est la jubilation et le déchaînement des médias pour relayer ce message de déstabilisation gouvernemental. Enfin, une belle casserole à mettre aux fesses de la gauche! Et à tous nos JT de reprendre la bouche en coeur que François Hollande est “au plus bas dans les sondages”. Pour qu’un gouvernement change, il faut que sa politique soit désapprouvée. Il ne me semble pas que ce soit le cas en l’espèce. Comment pourrait-il en être le cas, d’ailleurs, moins d’un an après la prise de fonction de l’équipe socialiste? Peut-on sérieusement juger une politique sur un laps de temps aussi court? Il y a là un temps politique que les médias se refusent à admettre dans leur populiste impatience.

Par ailleurs, il est impossible d’imputer au gouvernement un manquement dans l’affaire Cahuzac, à part peut-être dès l’origine une erreur de casting. Mais essaierait-on de nous faire oublier un Georges Tron? Il est évident que Monsieur Cahuzac a menti aux siens, pour la simple et bonne raison qu’il savait ne plus pouvoir compter sur aucun soutien dès lors que les accusations avancées contre lui se vérifieraient, ce qui est le cas aujourd’hui.

On me trouvera par trop complaisant avec la gauche. Loin s’en faut. Je m’insurge cependant que nos médias télévisuels continuent à nous présenter les problèmes par le petit bout de la lorgnette. La question que pose l’actualité est celle de l’existence des paradis fiscaux. Jérôme Cahuzac et Jean-Jacques Augier n’en sont que des épiphénomènes et on y aura rien compris si l’on focalise uniquement sur ces derniers. Les paradis fiscaux sont l’un des rouages essentiels de la crise financière de 2008, alors que la moitié des opérations bancaires mondiales s’y déroulent dans la plus grande opacité. Voilà un sujet qui mériterait d’être traité par d’autres médias télévisuels qu’ARTE. Des médias qui sur les coups de 20 heures adoptent systématiquement la posture du faux ingénu pour nous expliquer qu’ils avaient naïvement cru Nicolas Sarkozy lorsqu'il prétendait avoir résolu le problème.

Gaïus Anonymus

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